Feux de forêt | Des leçons à tirer pour le prochain à Sept-Îles

Par Vincent Rioux-Berrouard 5:00 AM - 9 mai 2024
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Joël Sauvé, directeur du Service de la sécurité incendie de la Ville de Sept-Îles.

Avec l’été qui approche, les Septiliens peuvent se questionner à savoir s’ils seront à nouveau touchés par les feux de forêt comme en juin, l’an dernier. La Ville affirme être prête à faire face à une autre tempête de feu.

L’évacuation de plusieurs milliers de résidents dans le secteur des Plages et Maliotenam a été marquante, dans tout l’épisode des feux de forêt de 2023, sur le territoire.

Si jamais un tel événement devait se reproduire, la Municipalité se dit prête.

L’un des aspects importants est de procéder par secteur. La ville de Sept-Îles est divisée en plusieurs régions (Les Plages, parc Ferland, le centre-ville). Ainsi, on procéderait à des évacuations graduelles, explique le Service incendie de la Ville de Sept-Îles. Non pas tout le monde en même temps, comme cela a été le cas l’été dernier à Chibougamau et Chapais.

Cette façon de faire est aussi la plus efficace, dans un contexte où Sept-Îles ne possède qu’une voie de sortie, la route 138.

« En juin 2023, les évacuations se sont bien déroulées et il n’y a pas eu de panique. On a appris de tout ça. Si c’est à refaire cette année, on va procéder de la même façon », affirme le directeur du Service incendie de la Ville de Sept-Îles, Joël Sauvé.

Ce qui est important, dit-il, est justement de prévenir les gens en avance, d’utiliser des préalertes. Ça permet d’avoir plusieurs heures pour évacuer, si jamais l’ordre est donné.

Pour prendre cette décision, le comité d’urgence se base sur les scénarios fournis par la SOPFEU quant à l’évolution de l’incendie. La Ville avait tracé une ligne rouge sur une carte. Lorsqu’elle était franchie, l’ordre était lancé d’évacuer tout en ayant un délai suffisant pour accomplir cet exercice.

« Ce qu’on veut éviter, ce sont les évacuations de nuit et les évacuations de dernières minutes. C’est ça qui sème la panique, parce que tout le monde veut aller acheter de la nourriture dans les épiceries, par exemple », dit-il.

Au plus fort des événements, certains ont craint que la ville de Sept-Îles soit entièrement rasée par les flammes. Joël Sauvé assure qu’il aurait été difficile que le feu se propage dans toute la ville, particulièrement au secteur du centre-ville. 

On y retrouve peu d’arbres, mais beaucoup de pompiers qui auraient pu s’attaquer aux flammes en milieu urbain.

Animaux de compagnie

L’un des constats tirés des feux de 2023 est l’importance des animaux de compagnies pour les gens qui sont évacués. 

« La majorité des gens n’ont pas utilisé les centres d’hébergement, parce qu’ils sont partis chez de la famille ou avec des motorisés. Mais ceux qu’on a dû héberger qui avaient des animaux, on a dû trouver une solution rapidement. La SPCA s’est revirée sur un dix cennes pour nous aider », explique le directeur de la sécurité incendie à Sept-Îles.

L’organisme de protection des animaux serait automatiquement sollicité et dispose désormais lui aussi de plus d’expérience.

Rappelons que l’an dernier, un homme était volontairement demeuré à Mani-utenam pour s’occuper des animaux laissés derrière, suite à l’évacuation. 

Des préparatifs

« Moi, je ne suis pas inquiet », lance Joël Sauvé sur l’éventualité d’un autre feu de forêt. Il indique que tous les préparatifs ont été faits.

Les intervenants d’urgence de la ville de Sept-Îles ont été surpris en 2023. Cependant, l’expérience vécue leur a permis de mettre à l’essai des plans d’urgence. 

« On était prêt, l’été dernier, à faire face à une telle situation. On a été capable de gérer l’événement, malgré son ampleur », affirme M. Sauvé. « Notre plan d’urgence est à jour et il est fonctionnel. Notre équipe de gestion des mesures d’urgence est parfaite et elle est capable de faire tout un travail. »

Protéger les infrastructures

Les feux en 2023 ont également permis de sécuriser certaines installations critiques pour la municipalité. Il y a eu du déboisement aux alentours de la centrale de traitement d’eau potable.

« Je suis allé voir récemment et tout est dégagé. Mais c’est sûr qu’il va falloir se faire un programme d’entretien, parce que ça va repousser », affirme M. Sauvé.

Les autorités de la Ville de Sept-Îles ont eu une rencontre avec la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) et le ministère de la Sécurité publique, dans les dernières semaines.

Le but était de préparer la prochaine saison des feux et de s’assurer que chaque organisation connaisse bien son rôle et ses responsabilités en temps d’urgence.

La MRC de Sept-Rivières a récemment fait l’acquisition de 170 lits de camp, ainsi que de trousses contenant des couvertures et biens d’hygiène.

« Tout ça va nous permettre rapidement d’accueillir des gens en cas d’évacuation d’urgence », indique Joël Sauvé.

Le Service de sécurité incendie de Sept-Îles regarde aussi la possibilité d’acheter certains équipements mieux adaptés aux feux de forêt. Il donne l’exemple de tuyaux qui permette de garder le sol humide.

D’autres mesures devraient être mises en place par la Municipalité. Une étude est présentement réalisée par la SOPFEU. Elle identifiera des solutions pour réduire les risques de feux de forêt à Sept-Îles et la menace qu’ils constituent pour les personnes et les biens. Pour mettre en œuvre les recommandations de la SOPFEU, le gouvernement du Québec s’est engagé à fournir un investissement qui pourrait aller jusqu’à 500 000 $ pour les travaux sur le territoire de la municipalité.

Les villes doivent de plus en plus se préparer aux conséquences des changements climatiques, rappelle Joël Sauvé. Oui, il y a les feux de forêt, mais il peut aussi y avoir des débordements côtiers, des tempêtes hivernales et/ou des pannes de courant prolongées.

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